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Entretien au magazine Flash à propos d'Esprit du Monde

Flash : Votre dernier livre est une suite de dissertations autour d'œuvres choisies, peintures, sculptures, fresques, bijoux. On y retrouve vos thèmes de prédilection, déjà abordés dans vos précédents essais et nouvelles : la présence des dieux, la philosophie antique, Nietzsche, le vin, la montagne... Mais vous traitez aussi de la mort, de la guerre, de l'amitié, de l'amour, de la beauté, de l'harmonie, du plaisir, de religion et de poésie.

Bruno Favrit : J'ai cherché à proposer un éclairage sur ces sujets à partir de quelques œuvres qui m'ont touché. Je me suis surtout efforcé de saisir l'essence de ce que les illusions et les utopies de ce temps ont tendance à étouffer ou à occulter. L'Esprit peine à souffler là où il n'est pas attendu. Mais il n'y a pas renoncé. Nous dirons qu'il se révèle à quelques humbles... Dans cet essai, je reviens également sur la permanence des mythes, car ils conceptualisent tout ce qui échappe à l'entendement immédiat, et ne peut donc être ramassé au fond du marigot. Le règne de la manipulation, de la paresse intellectuelle et du puritanisme réunis ne suffit pas à entraver leur puissance d'évocation. Les mythes incarnent la force des civilisations contre laquelle idéologies et religions sont impuissantes.

Vous semblez particulièrement remonté contre ce siècle, son goût pour la nouveauté et le matérialisme. On sent d'ailleurs chez vous une tendance à vous retirer de tout ce qui est événementiel et actuel.

Je m'y efforce. Mais tout se tient. Par exemple, quand je parle d'autodafé et de mortification, dÉphèse et des Pères du désert, c'est aussi en référence aux travers de la nature humaine dont ce siècle n'est pas exempt. L'Esprit, s'il n'évacue pas le passé, ne se déconnecte pas pour autant de l'ici et du maintenant. Ainsi doit-il surmonter la vaine agitation, les impostures et les faux-semblants qui éreintent la société contemporaine. Appréhender ce monde dans toute sa dimension possible exige en tout cas de creuser la distance avec l'actualité telle que traitée et servie par les médias institutionnels. Également de se soustraire aux injonctions environnantes.

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